Dans un contexte fort de végétalisation de l’alimentation, les algues et plus spécifiquement les microalgues présentent un intérêt tout particulier sur le marché de la nutraceutique. Elles possèdent une large palette de bienfaits pour la santé et des domaines d’application très variés. Les algues peuvent être récoltées à l’état sauvage ou cultivées et avoir une couleur verte, brune ou rouge.
Les algues et microalgues : un marché porteur
Des tendances fortes : une opportunité pour le marché des algues et microalgues
Le marché des algues et microalgues est porté par des insights consommateurs forts. Tout d’abord, la tendance à la végétalisation de l’alimentation humaine est un des principaux moteurs du marché. Les algues et les microalgues sont de bonnes alternatives aux protéines animales puisqu’elles sont souvent riches en protéines et en micronutriments.
Les consommateurs sont également à la recherche de modes de production plus durables. Les algues répondent tout à fait à ce besoin puisqu’elles ont pour propriétés d’absorber le CO2 de l’atmosphère et de réduire l’acidification de l’eau. La production d’algues est également moins gourmande en ressources. C’est pour ces raisons que les algues et microalgues possèdent une faible empreinte environnementale ce qui les rend attrayantes.
D’autre part, la crise sanitaire a fortement impacté la vision des consommateurs qui sont désormais plus soucieux de leur santé et plus exigeants vis-à-vis des industriels : depuis le covid, plus de 25% des consommateurs attachent davantage d’importance à la naturalité des produits, à l’origine française des compléments alimentaires et de ses ingrédients[1]. Ce phénomène a accéléré l’essor de la nutraceutique qui se démocratise partout dans le monde et notamment en France.
État du marché des algues et microalgues
Les algues sont des végétaux chlorophylliens aquatiques. La différence entre macro-algues et microalgues s’observe principalement par la taille du végétal et par leur structure moléculaire. Les algues se fixent au fond de l’eau et sont utilisées principalement pour l’alimentation humaine. Au contraire, les microalgues flottent et composent le phytoplancton. Elles sont très souvent utilisées dans le domaine de la nutraceutique.
La grande diversité d’espèces permet aux algues d’être utilisées dans de multiples applications. En Europe, elles sont principalement utilisées dans l’alimentation humaine (36 %), dans le domaine des cosmétiques (17 %), dans la formulation de compléments alimentaires et dans la production d’hydrocolloïdes (15 %). Elles s’utilisent un peu moins dans le domaine des engrais et des biostimulants (11 %), dans l’alimentation animale (10 %) et dans les autres domaines (11 % pour les biocarburants, biomatériaux et produits pharmaceutiques).1 Dans le cas des microalgues, 24 % de la récolte est utilisée pour des compléments alimentaires.
Sur le marché, deux microalgues phares se démarquent : la spiruline et la chlorelle. Plus de 50 % des entreprises de production d’algues cultivent au moins une de ces algues.[1] C’est un marché qui ne cesse de croître puisque le taux de croissance annuel est de 8,7 % entre 2019 et 2025 pour la spiruline et de 6,4 % pour la chlorelle sur le marché européen.[2]
En Europe, pour la consommation humaine, l’importation d’algues est majoritaire.2 C’est le cas notamment de la spiruline dont 70 % de la production provient de la Chine, de l’Inde et de Taïwan. A l’échelle de l’Europe, la France est le premier producteur de macro-algues qui sont principalement cultivées en Bretagne. Malgré cette forte production, la France est le 2ème importateur d’algues et microalgues alimentaires en Europe en 2019.2 Au contraire, les plus grands producteurs de microalgues sont l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie
Zoom sur les microalgues bleu-vert : des ingrédients prisés
Reconnues pour leurs propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires ou encore anti-allergènes, les algues bleu-vert sont devenues populaires auprès des consommateurs européens. Les plus connues sont la spiruline et la chlorelle qui sont cultivées et non récoltées dans la nature.
La spiruline, la microalgue star du marché
En 1974, la spiruline a été classée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme « le meilleur aliment du 21ème siècle pour l’humanité ». La spiruline est alors devenue la microalgue la plus connue sur le marché et cette cyanobactérie est également qualifiée de « superaliment ».
Sa composition nutritionnelle bat des records puisqu’elle est composée à 65 % de protéines avec une digestibilité moyenne de 85 à 90 %[1]. De plus, c’est un type de protéines similaire aux protéines animales mis à part le fait qu’elles soient riches en graisses polyinsaturées. La spiruline est riche en vitamine B12 qui est une supplémentation recommandée pour les végétariens et végans. C’est également une bonne source de fer et de zinc.
Concernant ses applications, 75 % de la production de spiruline est dédiée à l’alimentation humaine et aux compléments alimentaires1. Les produits à base de spiruline peuvent bénéficier de différentes allégations de santé comme le renforcement du système immunitaire, l’aide à la réduction de la fatigue ou encore les propriétés antioxydantes de l’algue. Ces allégations en font l’aliment star sur le marché de l’immunité et de la vitalité[2].
La chlorelle
En tant que première espèce à être cultivée à l’échelle industrielle dans les années 60 au Japon, la chlorelle est la deuxième microalgue phare derrière la spiruline. Des ressources limitées sont d’ailleurs suffisantes pour la cultiver. Elle est utilisée dans des domaines d’application plus variés : biocarburants, cosmétiques, compléments alimentaires, pigments (caroténoïdes et chlorophylle) ou encore dans le traitement des eaux usées.
La chlorelle a également une bonne composition nutritionnelle avec 50 % de protéines complètes (70 % de digestibilité nette). Elle est riche en vitamine B et E, en calcium, magnésium, fer, zinc et potassium et elle contient des omégas 3. De nombreuses allégations sont aussi possibles pour les produits contenant de la chlorelle : « maintient une bonne activité cardiaque », « propriétés antioxydantes », « renforce la vitalité », « soutient les défenses immunitaires »…5
D’autres exemples de microalgues
D’autres algues un peu moins connues sont aussi très intéressantes d’un point de vue nutritionnel. C’est notamment le cas de la klamath qui est une algue semblable à la spiruline au niveau de sa composition. Elle contient environ 65% de protéines, elle est riche en vitamine B12, en minéraux et oligoéléments, elle contient de la chlorophylle et des omégas 3 et 6. Elle contient également de la phényléthylamine (soutient l’humeur positive) et de la phycocyanine (soutient le système immunitaire).5 Cependant, c’est une plante unique qui se récolte uniquement à l’état sauvage dans le lac de Klamath aux Etats-Unis ce qui la rend plus coûteuse.
Des ingrédients classés « Novel Food » issus de microalgues ont récemment été approuvés à l’échelle européenne. Nous pouvons notamment citer l’astaxanthine extraite d’Haematococcus pluvialis. Cette microalgue peut accumuler dans des conditions stressantes de grandes quantités de cette substance. L’astaxanthine est un caroténoïde antioxydant puissant dont cette algue est la première source commerciale. Les omega-3 DHA extrait de Schizochytrium sont également des ingrédients à forte valeur ajoutée. C’est une alternative végétale aux huiles de poissons à laquelle on peut attribuer les allégations « maintien une vision normale » et « contribue au fonctionnement normal du cerveau ».5
La grande diversité des algues et microalgues leur confère des propriétés multiples et intéressantes dans différents domaines. Leur faible empreinte environnementale et le caractère végétal de cet ingrédient a su convaincre de nombreux industriels et laboratoires de compléments alimentaires dans le monde.
Sources :
[1] Synadiet, Les compléments alimentaires, une réponse aux attentes des consommateurs. Rapport d’activité 2021
[2] Current Status of the Algae Production Industry in Europe: An Emerging Sector of the Blue Bioeconomy, Frontier in Marine Science, January 2021
[3] The European market potential for seaweed or marine algae, Centre for the Promotion of Imports from developing countries, Ministry of Foreign Affairs, March 2021
[4] Devi S, Varkey A, Sheshshayee MS, Preston T, Kurpad AV. Measurement of protein digestibility in humans by a dual-tracer method. Am J Clin Nutr. 2018
[5] EFSA, Allégations de santé, 2022.
[6]
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